"Mes bons romans" ne pouvait passer à côté de la lecture de ce roman phare de la rentrée littéraire 2011. Même si sa lecture s'est terminée en janvier 2012 ! Qui est David Vann ? Quelle histoire se cache derrière un titre comme "Désolations" ? Et si le roman se transformait en musique, quelle serait-elle ? Roman à lire ou à éviter ?
David Vann est un écrivain américain né
en 1966 sur l’île Adak, en Alaska.
Il est l’auteur de :
Il est l’auteur de :
- A Mile Down : The True Story of a Disastrous Career at Sea (basé sur l'histoire du naufrage d'un bateau construit par l'auteur),
- Un recueil de nouvelles, Legend of a Suicide (inspiré par le suicide de son père).
- Sukkwan Island, trad. de Laura Derajinski, Paris, Éditions Gallmeister, 2010,
200 p.
- prix des lecteurs de L'Express 2010
- prix des Lecteurs de la Maison du Livre de Rodez 2010
- prix Médicis étranger 2010
- prix du Marais 2011. - Désolations [« Caribou Island »], trad. de Laura Derajinski, Paris, Éditions Gallmeister, 2011.
L’histoire
« Désolations » nous
permet d’aller à la rencontre d’une terre particulière, l’Alaska, un pays rude,
un décor glacé : « Le glacier n’était que pression, crevasses et
courbures. Il semblait vivant aux yeux de Jim et il se demanda pourquoi il
n’était jamais venu jusqu’ici en hélicoptère. C’était magnifique. (…) Tout
était immense, les distances étendues, la paroi rocheuse plus haute. Aucun
signe de présence humaine. »
Découverte des paysages alaskiens,
ses étendues gelées, ses lacs, sa faune et sa flore et ses habitants. On
s’installe dans une contrée dont les noms des hauts-lieux sont
évocateurs : Caribou Island, Harding Icefield, Kenai River, Cook Inlet,
Skilak Lake, Anchorage.
Une terre choisie comme symbole
d’espérance d’une vie plus authentique, plus simple et plus proche de la nature
et des éléments. C’est le choix qu’ont fait Irène et Gary, trente ans plus tôt.
Le choix d’un décor qui peut sembler paradisiaque mais qui va devenir le
théâtre d’un drame.
Titulaire d’une bourse pour
terminer sa thèse, Gary a abandonné sa Californie d’origine pour s’installer
sur les rives d’un lac glaciaire en Alaska, accompagné de sa fidèle Irène. C’est
ici qu’ils vont construire leur foyer et avoir deux enfants, Rhoda et Mark.
Les enfants ont grandi et ont quitté
la maison.
Le dernier projet de Gary ?
Construire une cabane sur une parcelle de terrain qu’il a achetée sur une île
loin de tout, Caribou Island. Irène l'accompagne inconditionnellement dans
cette aventure. Car c’est un projet fou, insensé et quasi-suicidaire. En même
temps que l’hiver approche, que les difficultés pour construire cette cabane en
bois s’accumulent, la tension monte entre eux, insoutenable. Tension qui révèle
de manière symptomatique les non-dits accumulés pendant toute leur vie commune,
leurs rancœurs, leurs sentiments d’insatisfaction mutuels et leurs
incompréhensions.
L’ambiance est aussi oppressante
que les maux de tête dont souffre perpétuellement Irène tout au long de
l’ouvrage. «Une nouvelle concentration
derrière son œil droit, une faille géologique, les os de son crâne semblables à
des plaques tectoniques mobiles, leurs bords crissant les uns contre les
autres. Chaque jour, son unique but ne consistait plus qu’à survivre à la
journée, chaque nuit d’insomnie, son unique but ne consistait plus qu’à
survivre à la nuit. »
Triste spectacle auquel est
contrainte d’assister leur fille Rhoda, elle-même à la recherche de son propre
bonheur.
Tension et oppression qui vont les
conduire jusqu’à la désolation.
Les thèmes traités
La solitude, l’amour, la pérennité d’un mariage, les drames
familiaux. Mais aussi l’Alaska, la
pêche, la construction d’une cabane.
Si le roman se transformait en musique
Vous l’aurez compris, la musique à laquelle peut faire penser « Désolations » ne va pas être très joviale. Je trouve que Brel illustre parfaitement cette histoire et notamment avec « L’amour est mort ».
Quelques morceaux choisis
«Crise évitée, et puisque c’était
aussi simple que cela, elle se demanda si elle pouvait refuser le projet dans
son intégralité. Dire non à l’idée globale et rentrer à la maison. Mais elle
savait que c’était impossible. Parce que c’était bien plus qu’une simple
histoire de cabane. »
« Seul à construire la cabane, c’était la
vérité. Le mariage n’était qu’une autre forme de solitude ».
« Mais comment pouvait-il
être quelqu’un de bien quand il se délectait de la faire pleurer ? Quelque
chose clochait chez lui, quelque chose qu’il devrait faire examiner. Leur
mariage avait fait resurgir le pire de lui-même. »
« Irène se
sentit alors envahie d’un calme étrange. Rhoda, debout devant elle, inquiète,
condescendante, ne comprenant rien. Mais elle n’avait pourtant personne de plus
proche au monde que sa fille. Elle fit un pas en avant et étreignit Rhoda, la
serrant contre elle.
Je ne vais te le dire qu’une seule fois, murmura-t-elle. Je suis seule, à présent.
Maman.
Chut, écoute-moi. Si tu ne te réveilles pas tout de suite, tu seras seule comme moi. Ta vie gâchée, il ne te restera rien. Et personne ne te comprendra. Et tu te sentiras tellement en colère que tu auras envie de faire bien pire que de jeter un bol contre une fenêtre ».
Je ne vais te le dire qu’une seule fois, murmura-t-elle. Je suis seule, à présent.
Maman.
Chut, écoute-moi. Si tu ne te réveilles pas tout de suite, tu seras seule comme moi. Ta vie gâchée, il ne te restera rien. Et personne ne te comprendra. Et tu te sentiras tellement en colère que tu auras envie de faire bien pire que de jeter un bol contre une fenêtre ».
L’avis de « mes bons romans »
Avec un titre pareil, il fallait s’y attendre ! « Désolations » est aussi captivant que déroutant. Captivant pour les descriptions sublimes de l’Alaska, l’analyse fouillée des sentiments et la montée en puissance de la tension. Déroutant car le sentiment d’angoisse habilement créé par l’auteur nous incite presque à vouloir vite en terminer avec ce roman plein de suspense. Ames sensibles s’abstenir ! A lire pour découvrir la belle plume de David Vann, mais pas à relire sinon, bonjour l’angoisse.
Avec un titre pareil, il fallait s’y attendre ! « Désolations » est aussi captivant que déroutant. Captivant pour les descriptions sublimes de l’Alaska, l’analyse fouillée des sentiments et la montée en puissance de la tension. Déroutant car le sentiment d’angoisse habilement créé par l’auteur nous incite presque à vouloir vite en terminer avec ce roman plein de suspense. Ames sensibles s’abstenir ! A lire pour découvrir la belle plume de David Vann, mais pas à relire sinon, bonjour l’angoisse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire