Les
amandes sont naturellement douces, nutritives et apaisantes mais elles peuvent se révéler pleines
d’amertume comme lorsqu’on croque par mégarde dans le pépin d’un fruit. C’est
ce que va expérimenter Edith qui s’est proposé d’apprendre à lire à sa femme de
ménage de 60 ans, Fadila. D’origine marocaine, celle-ci est analphabète. Et souhaite apprendre à
déchiffrer enfin toutes les lettres et les mots qui l’entourent. Comment va se
passer la relation entre ces deux femmes que tout semble opposer ? Et pour
quel résultat ? Un roman à la hauteur de « Au bon roman », le
précédent ouvrage de Laurence Cossé ?
L’auteur
Journaliste, critique littéraire, productrice d’émission
culturelle, Laurence
Cossé est l’auteur d’une dizaine de romans, d’une nouvelle et d’une pièce
de théâtre. Je ne pouvais passer à côté
de la lecture de son dernier ouvrage ayant beaucoup apprécié le précédent
« Au bon roman », beaucoup plus pour l’idée qui y était développée
que pour l’intrigue : ce projet un peu fou de créer une librairie où seuls
n’auraient leur place que « les
bons romans ». Sélectionnés par un comité de lecteurs triés sur le volet,
ils seraient choisis en fonction de leur qualité littéraire et non des exigences
commerciales. Bien sûr, le nom de mon blogue y fait référence !
L’histoire
Edith
est traductrice et travaille chez elle. Mariée à Gilles et mère de trois
garçons, elle mène une vie confortable. Un jour, Aïcha, gardienne d’un immeuble
voisin, frappe à sa porte. Elle cherche du travail pour sa mère Fadila. Edith
décide de l’employer quelques heures par semaine pour l’aider dans les tâches
ménagères. Rapidement, elle se rend compte que Fadila ne sait pas lire et que
sa vie en est compliquée : elle ne peut pas téléphoner (elle ne connaît pas
les chiffres…), ne sait pas lire un post-it qu’elle lui laisse, ne peut pas
changer d’itinéraire de transports en commun (elle a peur de se perdre et de ne
plus se retrouver), signe par un griffonnage,
est terrorisée dès qu’elle reçoit du courrier etc. Elle lui propose de lui
apprendre à lire. Mais Fadila a 60 ans, l’habitude de parler en cumulant les
erreurs de langage, a développé d’autres façons de comprendre et se faire
comprendre que par l’écriture et la lecture. Et la tâche s’avère ardue. L’ouvrage
retrace en grande partie la tentative d’Edith d’apprendre la lecture à Fadila
et de ses quelques progrès. On passe des techniques d’apprentissage de la lecture
(globale, semi-globale), aux solutions à la disposition des analphabètes (ouvrages
de référence, méthodes en ligne, cours d’alphabétisation). Au fur et à mesure
qu’Edith apprend à lire à Fadila, elle en découvre plus sur cette femme, sa
vie, ses origines marocaines, sa famille et son quotidien en France.
Les thèmes traités
L’apprentissage
de la lecture pour une personne analphabète, l’immigration.
Quelques morceaux
choisis
« Elle
a des regards qui font peur. On voit apparaître en surface une violence
intérieure prête à faire irruption à chaque instant, bridée tant bien que mal
en présence de personnes qui ne sont pas des proches. »
« Elles
travaillent le mot Fadila. Fa-di-la.
D, l. D, i, di. L, a, la . Ensemble, elles écrivent inlassablement le a,
le i, le f, le d. La, li, fa, di, da,
fi. »
L’avis de « mes
bons romans »
Comment
la manière dont un ouvrage se termine peut me faire changer presque
radicalement d’avis sur un roman (que je ne vous révèlerai point, je vous
laisse le découvrir !) ? Je
suis rentrée très facilement dans le sujet, les personnages d’Edith et de Fadila
sont bien campés, la problématique se met en place rapidement. Puis, quelques longueurs, des explications sur
les différents types d’apprentissage, des scènes répétées sur leurs rendez-vous
avec les mêmes exercices, les mêmes décortications de mots. Certes, l’auteur
nous transmet ainsi tout la lourdeur et la difficulté de l’apprentissage mais c’est
assez répétitif pour le lecteur. J’avais
donc un avis assez mitigé sur ce roman jusqu’aux quelques pages de fin. Sourde
et troublante, elle m’a fait oublier les longueurs du roman et me fait vous en
recommander la lecture…jusqu’au bout !
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